L'agriculture traditionnelle sri lankaise est-elle en train de disparaître ?

27/03/2020

Partout sur la planète, l'agriculture intensive grignote les petites exploitations et remplace les mains et les outils des agriculteurs par de gigantesques machines et de nombreuses substances chimiques. Mondialisation oblige, de nombreux gouvernements ont déjà vendu à des multinationales leur terre précieuse. Mais qu'en est-il pour le Sri Lanka ? Petite île presque accrochée à la pointe de l'Inde et que l'on connaît à travers le monde pour la beauté de ses paysages, dont les innombrables et verdoyantes plantations de thés, mais aussi pour ses savoureuses épices dont le fameux curry. Mais l'agriculture traditionnelle reste-elle le modèle prédominant au Sri Lanka ? N'est-elle pas déjà, ou ne risque-t-elle pas, de disparaître au profit d'une agriculture plus moderne ? Nous verrons qu'effectivement, ces techniques ancestrales tendent à laisser la place depuis quelques années déjà à davantage de technologies. Toutefois, la partie n'est pas complètement gagnée par le productivisme, et de nombreuses exploitations « résistent » encore aujourd'hui au changement de leurs pratiques. Les mentalités semblent même progressivement évoluer vers une agriculture encore plus durable, et nous verrons comment cela se concrétise dans les champs des agriculteurs Sri lankais. 

Cueilleurs de thé au Sri Lanka (photo de Bruno GIACOMO )
Cueilleurs de thé au Sri Lanka (photo de Bruno GIACOMO )

Depuis une cinquantaine d'années déjà, la société sir lankaise connaît des transformations de son système agraire. Mais tout porte à penser que les méthodes de culture aient subi de nombreux changement bien avant le XXème siècle. En effet, le Sri Lanka a une histoire agricole très riche qui remonterait à plus de 2500 ans. Ses agriculteurs ont de tout temps cultivé du paddy (« riz non décortiqué ») et cette activité à conditionné des modes de vie, eux-mêmes étroitement liés aux pratiques religieuses et culturelles du pays. Avec la colonisation, ce ne sont plus seulement les besoins de peuple sri lankais qui fallait satisfaire mais bien ceux des sociétés colonisatrices. Nous retiendrons principalement ici le cas de l'Empire britannique qui colonisa le Sri Lanka de 1796 jusqu'à l'indépendance de l'île en 1948. Les anglais tentèrent dans un premier temps de cultiver du café sur les terres sri lankaises, mais une maladie ravagea les cultures. Au XIXème, James Taylor décida donc de remplacer les plantations de café par du thé afin que cette boisson, jusqu'alors réservée à l'aristocratie anglaise, puisse se démocratiser. Des hectares et des hectares de théiers furent donc plantés sur les hauts plateaux du centre de l'île (région de Kandy). Déjà la logique capitaliste entraînait la course à la productivité pour obtenir des prix plus bas et être davantage compétitif. Aujourd'hui le Sri Lanka est le 4ème pays exportateur de thé au niveau mondial. L'histoire de l'île nous apprend donc que les méthodes de culture ont pu évoluer afin d'augmenter la production de certains produits destinés à l'exportation.

Le mouvement de la Révolution verte toucha également le Sri Lanka. Son application fut démonstrative en Inde dès le début des années 60. De manière générale cette « Révolution » repose sur la capacité scientifico-technique à modifier l'environnement de façon à créer des conditions plus propices à la culture et à l'élevage (c'est-à-dire irrigation en cas de sécheresse; engrais si le sol est peu fertile; pulvérisations en cas d'infestation des cultures par des ravageurs et des mauvaises herbes; vaccinations et médicaments si le bétail est menacé par la maladie; ou encore mécanisation et utilisation de combustibles fossiles si la préparation du sol nécessite un apport d'énergie supplémentaire). La larme de l'Inde quant à elle connu une révolution plus modérée mais de nouveaux produits firent tout de même leur apparition dans les champs. Les engrais chimiques par exemple furent largement utilisés afin de doper la production et d'améliorer le rendement des cultures, bouleversant complètement les habitudes des paysans de l'île.

La politique du Sri Lanka en matière d'agriculture fut également décisive dans cette forme de transition entre une agriculture traditionnelle et une agriculture plus moderne. Notons en effet la création de parcs agrotechnologiques dans le district de Kandy et dans celui de Hambantota. Ces parcs ont pour objectif de moderniser les entreprises du pays et l'agriculture Sri lankaise grâce aux nouvelles technologies. Le gouvernement prend également des mesures et investit pour développer son économie et exporter davantage, notamment vers le Moyen-Orient et l'Europe. En effet, l'une des principales priorités du président Sirisena est d'augmenter la productivité dans le secteur agricole. Il veut accroître la mécanisation et cultiver des cultures commerciales de plus grande valeur telles que les fruits, les fleurs et d'autres cultures d'exportation. Le ministère de l'Agriculture mit notamment en œuvre le projet de développement et vulgarisation des pratiques de mécanisation pour les grandes cultures ciblant les petits et moyens agriculteurs avec une attention particulière aux légumineuses. Il existe donc une réelle volonté politique de moderniser les méthodes agricoles du pays et par là même réduire à peau de chagrin les parcelles cultivées de manière traditionnelle par les agriculteurs Sri lankais.

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